Connus et utilisés par les entomologistes depuis de très nombreuses années dans le cadre d’études visant à surveiller les populations de moustiques vecteurs de pathogènes, l’usage des pièges à moustiques suscite un intérêt croissant de la part des collectivités et des particuliers depuis l’implantation du moustique-tigre en France Métropolitaine.
Souvent présenté comme une solution miracle, le recours à des pièges doit être considéré comme un outil complémentaire à la neutralisation des gîtes larvaires et leur utilisation doit répondre à un protocole bien précis. En effet, toutes les études visant à évaluer l’intérêt du piégeage afin de réguler les populations de moustique-tigre démontrent plusieurs conditions à respecter :
- La réduction des gîtes larvaires est indispensable. Sans action sur les gîtes larvaires, l’usage des pièges et leur impact sur la densité des populations de moustique-tigre seront fortement limités. La sensibilisation, l’éducation et l’accompagnement de la population sont indispensables.
- Le réseau de piège doit être suffisamment dense, 1 à plusieurs pièges par maison (selon le type de piège, la surface, la végétation).
- Le pourcentage de couverture (% de maisons équipées) doit être supérieur à 60%-80%.
- La durée de piégeage doit s’inscrire dans la durée et être supérieure à 3 semaines afin de couvrir la période d’activité saisonnière du moustique tigre (soit de mai à novembre).
Ainsi les collectivités désirant promouvoir l’utilisation de pièges dans le cadre de la régulation des populations de moustique-tigre ne peuvent faire abstraction de ce protocole. Il en de même pour les particuliers désirant investir dans ces dispositifs.
Actuellement, 2 catégories de pièges ayant fait leurs preuves existent :
- Pièges simulant un gîte de ponte (pièges à oviposition ou à femelles gravides) : le piège va attirer les femelles cherchant à pondre après avoir piqué. D’un coût modéré et d’un usage simple, une vigilance particulière est néanmoins à apporter quant à leur entretien sous peine que ceux-ci se transforment en gîtes larvaires.
- Pièges simulant une proie (pièges à femelles non gravides ou à CO2) : le piège attire les femelles agressives qui cherchent à piquer. D’un coût pouvant être très élevé (achat et fonctionnement), les pièges appartenant à cette catégorie sont plus attractifs que les pièges à femelles gravides.
Avertissement pour les collectivités :
Les attractants (CO2 ou leurre olfactif) utilisés par les pièges à femelles non gravides sont soumis à la directive européenne biocide (règlement UE 528/2012 entré en vigueur le 1er septembre 2013). Pour être commercialisés sans restriction, ils doivent disposer d’autorisation de mise sur le marché (AMM).
Par sa décision du 05 avril 2023, le conseil d’État précise « qu’est illicite le contrat dont l’objet même est la fourniture d’un produit dépourvu de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) exigée par les dispositions qui lui sont applicables, ce qui constitue un vice de nature à justifier l’annulation du contrat. Le Conseil d’État signale que ceci s’apprécie donc « à la date de l’instruction de l’offre », et que la circonstance que la société a fini par fournir une justification de dépôt de demande d’autorisation de mise sur le marché de ce produit et une attestation sur l’honneur d’enregistrement et d’autorisation du produit… ne sauraient valoir autorisation de mise sur le marché ». Par conséquent l’achat de piège à femelles non gravides ne disposant pas d’AMM dans le cadre de la passation d’un marché public est considéré comme illicite.
Le recours à l’utilisation de pièges à moustiques doit donc être pensé comme une technique complémentaire aux actions visant à neutraliser les lieux de développement des larves de moustiques tigres. Pour être efficace un réseau dense de pièges doit être installé et sa mise en œuvre le moins contraignante possible.